Il était une fois, la Résurrection…
Il était une fois, la Résurrection…
Dans la fraicheur du petit matin, le silence,
L’air vibre encore du temps qui vient de se déchirer
Dans le ciel gris et bleuté flottent quelques écharpes de brume
A peine un souffle, comme si l’on venait de refermer une porte
Puis le chant de l’oiseau unique, invisible,
Un trille léger venant d’en-haut,
Il annonce l’aube, mais plus encore
Aux arbustes les feuilles
Jeunes et vigoureuses sous la poussée de la sève,
Les bourgeons ont éclatés en fleurs odorantes,
Le cycle éternel des saisons se réveille,
La terre revit, mais plus encore
L’herbe est humide de rosée, des perles de lumière brillent
En larmes de reconnaissance
Devant l’entrée du tombeau
Le sable roux garde l’empreinte du pas
Le premier pas du monde nouveau
L’homme est seul
Assis sur la lourde pierre posée à terre
Encore ébloui du passage du noir à la lumière
Il vient de dessous la vie
Il respire mal, de trop d’air
Le monde se balance encore légèrement
Il va, se refaisant peu à peu
D’abord ressortent les choses les plus proches
Les petites feuilles vertes qui sont comme si il avait plu dessus
Elles ont des fleurs violettes ou blanches
Et une fois viendra où elles auront des fleurs pour toujours
Plus loin, sur le côté, encore dans l’ombre des bosquets
Des silhouettes, des femmes à pas lent montent
L’homme regarde au loin, en avant
Dans ses cheveux trainent
Comme des toiles d’araignée
Quelques filets sombres des restes de la mort
Derrière lui les cyprès dressent leur fût sombre
De chaque coté de l’ombre béante
La caverne, le trou où sont restés
Le fracas de la guerre,
La maladie qui frappe au hasard
Les enfants aux yeux vides,
Les injustices, les trahisons
La haine, toutes les haines
L’obscurité et leur compagne
La maladie qui rôde et frappe au hasard
La mort du corps et du cœur
La désespérance
A terre sur le sol
Comme une chrysalide
Les bandes vides, le linge plié.
La mort s’est retournée en vie
L’homme écoute,
Au loin comme une rumeur, l’écho des cloches ;
Celles de la terre entière, tous les matins du monde
Au long des siècles
Elles font joyeusement vibrer l’air d’espérance
L’homme écoute
Les cris de joie
Les hommes et les femmes ont relevé la tête
L’homme voit clair maintenant
Tout vient contre lui à la fois
Les regards reprennent vie
Les mains se tendent
Ils sont des milliers
Comme il les aime
Eux tous, et moi
Un rayon de lumière jaillit de l’horizon
Eclaire sa silhouette immobile
Illumine son visage
Le voilà dans le jour
Dans la bonne chaleur
Hors de la mort
Il regarde devant, au loin
Le ciel s’embrase
Une symphonie de rose et d’ors
Sur le monde redonné se lève
Un nouveau jour
(phrases en italiques,et certains mots tirés de cfRamuz, passage du poète)
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